Poivre de Penja: Plus qu’un produit phare déjà!

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Juste moulu ou écrasé dans un mortier, le poivre de Penja donne un plaisir gustatif aux fins gourmets. Il jouit aujourd’hui, d’un succès culinaire universel. Pour comprendre cette originalité, il faut se plonger dans la zone volcanique du sud-ouest du Cameroun et une partie du littoral.

Penja, commune située dans l’arrondissement de Njombé-Penja (département du Moungo, région du littoral), abrite une population estimée à 40000 habitants, essentiellement cosmopolite. L’agriculture y représente la principale activité génératrice de revenu. Comme le Bordeaux en France, le poivre fait la fierté des populations de Penja en particulier et celles du Cameroun en général. Il pousse sur des lianes rampantes placées sur des arbres tuteurs et il faut attendre 3 à 5 ans pour procéder à la première récolte.

L’Indication géographique du Poivre de Penja (IGPP) obtenue grâce à l’accompagnement technique de la Chambre de Commerce, d’Industrie, des Mines et de l’Artisanat (CCIMA) auprès du Fonds pour l’Amélioration de la Qualité et des Normes (STDF), a permis d’améliorer sa qualité sanitaire et phytosanitaire, pour favoriser son accès aux marchés internationaux. Une labélisation qui ne va pas sans conséquence. Le prix de cette épice a explosé. De 2500 francs CFA le kilogramme, (en 2013), poivre labélisé a atteint les 8000 francs CFA en 2014, pour culminer à 14000 francs CFA au cours de l’année 2015.

Un agropole multifonctionnel

Aujourd’hui grâce au dynamisme des membres de l’agropole poivre de Penja, conduit par Monsieur Epoh Zacharie son promoteur, on assiste à une véritable mutation de ce secteur d’activité. Créé en 2017, un collectif de 17 membres est constitué dans sa grande majorité d’anciens employés de la PHP.

Ils ambitionnent d’intensifier et vulgariser la production de cette épice hautement demandée. En termes chiffrés, cet agropole envisage passer d’une production de 62 tonnes à un peu plus de 271 tonnes de poivre, pour la première phase. Dans le cadre de la mise en oeuvre de sa deuxième phase, il voit plus grand et souhaite exploiter entièrement ses 250 hectares, pour un objectif de production de 600 tonnes afin de garantir ainsi 1,5 milliard de salaire. Pour y parvenir, de nombreuses actions sont menées au quotidien.

Le poivre de Penja a gagné le premier prix lors de la Foire Agricole de France de 2020, devant la Chine et le Brésil.

La recherche

Elle met l’accent, sur la nécessité de sélectionner les variétés les plus productives et résistantes aux maladies. Pour ce faire, une exploitation de 5 hectares a été sacrifiée et érigée en Parc à bois. Cette exploitation qui est un centre d’essais adaptatifs et de démonstration, a permis d’isoler 4 espèces pour l’obtention de deux variétés de poivre : le poivre à point vendu, sur le marché local et le poivre à bec qui est absolument rond, recommandé pour l’exportation.

Ce dernier est le plus prisé par les grands maîtres à l’extérieur. Il est à noter que le poivre de Penja a gagné le premier prix lors de la Foire Agricole de France de 2020, devant la Chine et le Brésil. Ce résultat est le fruit des recherches qui ont abouti au développement du poivre à bec de l’agropole poivre de Penja.

Une particularité

Elle repose sur la capacité de ces variétés, à rentrer en production à partir de la deuxième année. Il ne sera plus question d’attendre, 4 à 5 ans, avant d’obtenir les premiers fruits de son investissement. Il conviendrait de signaler que des essais culturaux sont en cours dans l’agropole notamment les associations poivre-vanille pour éloigner les piqueurs suceurs des tiges et poivrier-bananier- macabo pour la fertilisation des sols, l’ombrage et l’amortissement du coût de production.

Les résidus provenant de ces plantes seront utilisés comme matière organique afin d’enrichir le sol via l’andainage. Plus besoin d’acheter des fertilisants parfois toxiques pour la plante.

La commercialisation

Une boutique témoin est fonctionnelle sur le site du Centre commercial d’Akwa (Douala). C’est une vitrine mettant en exergue, les produits MIC (Made In Cameroon), surtout ceux des Agropoles. Le but est de faciliter l’accès de ce produit tant prisé aux expatriés et surtout à la classe moyenne camerounaise, sans cesse grandissante. De quoi présager de beaux jours, au poivre de Penja.

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