Le Directeur de l’École publique d’agriculture de Binguela, Roland Amougou Etogo, loue le partenariat avec le Programme Agropoles.
Nous sommes à la deuxième cuvée des boursiers du Programme Agropoles. Ce sont une centaine de citoyens désormais formés. Cette collaboration donne de la visibilité à l’EPAB. Elle nous permet d’accroître notre impact sur le terrain. Notre rôle ici, c’est de permettre que la production agricole soit supportée par des professionnels du domaine. Or, selon la volonté du Chef de l’État, notre agriculture familiale doit migrer vers une qui soit dite de seconde génération. Elle demande donc des professionnels bien formés. Nous accompagnons donc les agropoles en leur fournissant la main d’œuvre qualifiée. Les étudiants sont désormais outillés à l’exploitation des engins agricoles et à leur entretien. Quant au Coordonnateur national, le partenariat avec l’École pratique d’agriculture de Binguela constitue le modèle de collaboration souhaité avec divers projets, programmes et institutions établies.
Le pari de la performance
La vulgarisation des tracteurs au sein de l’agriculture camerounaise a favorisé la conquête des surfaces agraires.
Des labours d’un hectare par jour. C’est le service minimum à rendre, précise Paul Ange Dally, tractoriste et ancien boursier Programme Agropoles à l’EPAB. Le Coordonnateur national du Programme Agropoles étouffe son courroux : « Les tracteurs sont utilisés en sous-capacité. Les bénéficiaires peuvent également faire des prestations privées dans les champs de pommes de terre ou de maïs de leurs voisins ». En effet, la mobilisation de tout un tracteur exige de couvrir un minimum de 4 hectares par jour. Paul Ange Dally, employé de l’Agropole de production, de transformation et de commercialisation du manioc de Batouri, réalise presque toujours ladite performance : «un tractoriste gagne sa vie en fonction de sa capacité à travailler si vraiment il s’y met corps et âme».
Le succès dépend de la programmation du tracteur dans les champs. L’idéal commande d’avoir les espaces à labourer, soit dans la même direction, soit à de faibles distances. Une telle organisation lui permet de mieux se concentrer et de donner le meilleur de lui. En général, le tractoriste rappelle avec emphase la nécessité de mieux exhumer les racines et les souches d’arbres. La déception provient souvent de la faible portée des surfaces à mettre en valeur. En effet, il est impossible de labourer 4 hectares quand seul 1 est disponible ou défriché. Les tracteurs accordent aux membres de l’Agropole de production, de transformation et de commercialisation des pommes de terre de l’Ouest de répondre au problème lié à la démission de la jeunesse dans les champs. L’avènement de la profession de conducteur de motos-taxis a conquis les jeunes. Cette situation inquiète David Zambou, promoteur de l’agropole en question : « vous avez un problème de main-d’œuvre. Où la trouvez-vous? Il faut passer à la mécanisation agricole. Une chance, le Programme Agropoles a offert 13 tracteurs à titre gracieux. Chacun effectue des labours de 4 hectares par jour. Le cumul produit 52 hectares/jour. Ici, le sol est dur. Un ouvrier ne progresse que sur 10 mètres par jour avec sa pioche. Labourer un hectare demanderait donc 50 hommes/jour, soit 4 heures temps si la même performance était exigée à un tracteur». De l’opinion du Coordonnateur national, ces tracteurs souffrent de sous-exploitation. Les engins agricoles devraient, précise-t-il, faire la rotation des champs environnants moyennant une compensation financière. Les labours et les semis constituent des activités saisonnières. Une fois ces activités effectuées, les tracteurs sont libres. Il devient normal de les exploiter ailleurs, en attendant la prochaine campagne agricole.