Les deux Coordonnateurs ont séjourné au Kenya et en Chine en 2016 au bénéfie de l’Agropole de production, de transformation et de commercialisation de l’avocat du Noun.
Programme Agropoles : Pourquoi avez-vous effectué la visite de Chine et du Kenya ?
Florence Bobda : Dans le cadre du développement des fiières porteuses de croissance, le Sous-Programme de Réduction de la Pauvreté à la Base, phase 2 (SPRPB-2), s’est engagé depuis 2013 dans la valorisation de la fiière avocat par la mise en place d’une usine d’extraction d’huile d’avocat à Mbouda. Ce projet pourvoyeur d’emplois vise à développer l’économie locale à travers l’accroissement des revenus des populations intervenant dans les différents segments de la fiière avocat tout en réduisant les contraintes liées à la conservation et aux pertes post-récolte.
Le voyage d’étude effectué par l’équipe conjointe du Sous-Programme de Réduction de la Pauvreté à la Base-2 et du Programme Agropoles au Kenya et en Chine au mois de mai 2016 visait à capitaliser l’expérience de ces pays à l’effet d’obtenir tous les détails et les préalables nécessaires à la mise en place de ladite usine.
Capitaliser l’expérience de ces pays en vue d’obtenir tous les détails et les préalables nécessaires à la mise enplace
En effet, depuis 2007 la fime internationale OLIVADO s’est installée au Kenya pour la production de l’huile d’avocat organique. Il s’agissait donc de s’inspirer de leurs expériences en la matière afi de peaufier les stratégies et les actions à mettre œuvre pour la réussite du projet d’huile d’avocat de Mbouda.
Sur la base des équipements utilisés au Kenya, il était question de discuter avec l’entreprise chinoise sur les possibilités de fournir la ligne de production et d’offrir le service après vente.
La gestion des déchets liquides impose d’énormes défi et mérite un site de traitement loin des habitations.
Programme Agropoles : Quels enseignements tirez vous de cette expérience?
Florence Bobda : La visite guidée de l’usine de la fime kenyane et les échanges avec les différents responsables ont permis de mettre en exergue les principaux défi dont il faire face pour une mise en place optimale de l’usine de Mbouda.
Le premier déf est d’ordre environnemental. En effet, nous avons constaté que la mise en place de l’usine d’extraction d’huile d’avocat génère beaucoup de déchets solide et liquide. Si les déchets solides, tourteaux d’huile, peuvent être recyclés pour alimenter le bétail, la gestion des déchets liquides impose d’énormes défi et mérite un site de traitement bien loin des habitations.
Un accord de partenariat a été conclu avec l’Organisation Kenyane de l’Agriculture et de la Pêche (KARO) qui est l’équivalent de l’IRAD au Cameroun.
En ce qui concerne Olivado, un bio gaz est en construction pour la gestion desdits déchets à l’effet de les transformer en énergie pouvant alimenter l’usine et réduire ainsi les coûts de production tout en préservant l’environnement. Les résidus issus de ce processus constitueront le compost pour fertiliser les plantations.
Le second déf est celui de la spécifiation des variétés d’avocat. Cette spécialisation sur un nombre restreint de variétés (3 à 4) à forte teneur en huile permettra de faciliter le calibrage, le contrôle du produit des champs à l’usine et la fabrication des récipients de stockage.
En effet, le processus d’approvisionnement est préparé depuis la pépinière. Il convient de relever que le Kenya a commencé la production avec plusieurs variétés locales comme c’est le cas au Cameroun à l’heure actuelle. Mais au fi du temps, la société s’est spécialisée dans deux variétés à forte teneur en huile : le fuerté et le hass. Un accord de partenariat a été conclu avec l’Organisation Kenyane de l’Agriculture et de la Pêche (KARO). Cet accord a permis de développer les nouvelles techniques de production des plants qui font intervenir les méthodes modernes de préparation du sol et d’irrigation. Les pépinières sont, par la suite, libérées de tout contact avec laterre pour éviter toutes contagion et contamination. Au cours de cette mission, l’équipe s’est rendue sur le site du champ semencier dans une banlieue de la ville de KENOL où est basée l’usine. L’équipe de mission a également visité la pépinière de KARO et quelques plantations.
Ces plants produits dans des conditions optimales sont distribués aux producteurs et le département du terrain assure le suivi jusqu’à la production. Les avocats sont cueillis par les personnes expérimentées et acheminés à une température contrôlée dans les fourgonnettes à l’usine où ils sont pesés et conditionnés dans la chambre froide pour programmer le murissement et la transformation. Chaque planteur est payé en fonction de sa production. Des systèmes de récompenses sont mis en place en fonction de la fiélité du planteur.
Il est vivement souhaité que toute la ligne de production soit fournie par un seul fournisseur qui assurera la maintenance, le service après vente et la formation des cadres nationaux.
Un accent est mis sur l’agriculture biologique, le développement durable et le commerce équitable. OLIVADO dispose de la certifiation bio de l’Institut pour l’Écologie de Marché (IMO) depuis 2008 qui travaille de concert avec « Ecocert Équitable ». Le label « Ecocert Équitable » garantit aux producteurs une relation de partenaire à partenaire, des contrats durables et des prix minimum. De plus, il assure des conditions de travail décentes, la protection de l’environnement et de la biodiversité et la promotion de l’agriculture biologique. Il convient de signaler qu’un numéro est assigné auproduit depuis la réception jusqu’à la transformation afi de garantir la transparence et la traçabilité.
Notre objectif est de se conformer autant que possible à ce modèle développé par OLIVADO qui fait ses preuves aujourd’hui. Des concertations sont en cours avec le ministère de la Recherche Scientifiue et de l’Innovation, notamment l’Institut de Recherche Agricole pour le Développement (IRAD) et l’Institut de Recherches Médicales et d’Etudes des Plantes Médicinales (IMPM) à l’effet d’intensifir la recherche pour l’identifiation et la promotion des variétés d’avocats à forte teneur en huile d’une part et d’assurer la spécialisation des producteurs d’autre part.
Pour ce qui est de l’acquisition des équipements, il est vivement souhaité que toute la ligne de production soit fournie par un seul fournisseur qui assurera la maintenance, le service après vente et la formation des cadres nationaux.
Pour terminer, je dirai que ce voyage d’étude a permis de confimer que le projet de mise en place d’une huilerie d’avocat à Mbouda sera un vivier d’emplois permanents et temporaires au niveau local.
50 % de la production de l’Agropole du Noun sera transformée dans l’usine d’extraction d’huile d’avocat de Mbouda.
Programme Agropoles : Comment peuvent-ils être bénéfiues à l’Agropole de production, de transformation et de commercialisation des avocats du Noun ?
Florence Bobda : À ce jour, les pertes après récoltes sont très élevées et les avocats ne sont pas toujours achetés à leur juste prix. La mise en place de cette usine permettra aux agropoleurs et autres cultivateurs d’avoir la valeur ajoutée et d’accroître les revenus de ces derniers. 50 % de la production de l’Agropole du Noun sera transformée dans l’usine d’extraction d’huile d’avocat de Mbouda. L’Agropole du Noun bénéfiie ainsi d’un marché sûr pour écouler sa production. Etant donné que l’Agropole du Noun sera le principal fournisseur de l’usine, les producteurs vont se spécialiser dans la culture des variétés à forte teneur en huile et à forte productivité, ce qui leur permettra de tirer plus de profi de leurs activités.
Programme Agropoles : Quels produits fiis les consommateurs sont-ils en droit d’attendre ?
Florence Bobda : Dans un premier temps, l’usine sera amenée à produire de l’huile cosmétique. Au fur et à mesure que la spécialisation va se développer, elle migrera progressivement du cosmétique à l’huile organique bio. D’autres produits dérivés seront produits. Il s’agit des tourteaux ou des pastilles pour l’alimentation des animaux. Par ailleurs, l’on pourrait, avec le temps, traiter les déchets liquides pour produire le biogaz.
Programme Agropoles : Comment appréciez-vous le partenariat avec le Programme Agropoles ?
Florence Bobda : Le partenariat entre le Sous Programme de Réduction de la Pauvreté à la Base-2 et le Programme Agropole est très satisfaisant. Le projet d’huile d’avocat est conduit par le Sous-Programme de Réduction de la Pauvreté à la Base en partenariat avec le programme Agropole. Nous avons d’ailleurs effectué ensemble la mission d’étude au kenya et en Chine. En effet, les deux Programmes ont toujours travaillé en synergie sur le terrain pour améliorer les conditions de vie des populations à la base et promouvoir leur bien être.
Programme Agropoles : Comment le partenariat en question est-il perceptible dans le Noun ?
Florence Bobda : L’usine d’extraction d’huile d’avocat est une opportunité de développement économique, un vivier d’emploi jeune dans les départements du Noun, des Bamboutos et même dans toute la Région de l’Ouest. Cette usine devra également permettre aux communes impliquées, notamment celle du Noun d’accroître leurs revenus communaux.
Programme Agropoles : Envisagez-vous d’autres pistes de collaboration ?
Florence Bobda : Bien évidemment, nous envisageons asseoir un partenariat solide avec plusieurs projets en vue de mutualiser nos moyens et de fédérer nos efforts pour optimiser les interventions et accélérer l’atteinte des résultats escomptés, à savoir l’amélioration des conditions de vie des populations à la base et la promotion de leur bien-être.