Programme agropoles: de l’or entre les mains

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Le programme Agropoles se veut être le champ d’expérimentation de l’Agriculture de Seconde Génération voulue par le Chef de l’Etat, Son Excellence Paul Biya, depuis le Comice agropastoral d’Ebolowa en 2011. Son rôle est plus que jamais d’actualité au moment où la promotion du « Made In Cameroon » revient tel un slogan, dans un contexte de rareté de devises où la consommation des produits issus de l’agriculture locale s’impose comme un impératif.

Mis en place comme un test de déclinaison de la Stratégie de Développement du Secteur Rural dans son volet amélioration de la compétitivité des exploitations agropastorales et de développement des chaines de valeur, le Programme joue ce rôle aux côtés des administrations sectorielles et des entrepreneurs agricoles privés, en leur apportant des appuis certes financiers, mais aussi et surtout son expertise technique, aide conseils dans la recherche des partenaires techniques et financiers extérieurs.

Il se présente donc comme un levier d’accompagnement des projets productifs portés par les privés dans une relation de partenariat public-privé où l’Etat et le secteur privés apportent respectivement 40% et 60% du coût total du projet. La question du financement, de la durabilité ou de la soutenabilité reste une préoccupation qui n’est pas spécifique au Programme, mais à l’ensemble des projets et programmes d’accompagnement de l’entreprise privée. Cependant, la problématique du financement, au regard des enjeux et attentes que ce programme aura développé, est une réelle préoccupation. La visibilité donnée par celui-ci dans son déploiement, le feedback et les attentes renouvelées des bénéficiaires ont permis que le Programme bénéficie d’une attention certaine.

C’est pourquoi, il a reçu un peu plus de 1,5 milliard de FCFA pour le financement des instances en 2019; ce qui n’était plus le cas depuis 2015.

Nous sommes conscients que les efforts fournis sont insuffisants au regard des multiples sollicitations et des attentes que charrie le Programme dans ce secteur hautement stratégique pour atteindre les objectifs de croissance à deux chiffres tant souhaités. Notre objectif est de mettre en place un mécanisme de financement adapté au besoin de la cause.

Avec la mise en oeuvre de la seconde phase de la vision 2035, la nécessité d’occuper par des emplois rémunérateurs, les déplacés internes et la jeunesse de retour dans les régions en crises, le Programme Agropoles qui a fait ses preuves durant la phase pilote dans la création d’emplois décents, a un rôle très important à jouer dans ce processus.

Il s’agira de continuer à appuyer les initiatives visant à booster la production des denrées abondamment consommées au plan local, les spéculations à fort effet d’entrainement ou celles sur lesquelles le pays dispose d’avantages comparatifs indéniables, pouvant à cet effet apporter des devises. Un audit-évaluation est en cours de réalisation, à la suite duquel un nouveau document de projet du Programme sera élaboré. Ce document servira de boussole dans la recherche de financements. La mise en place de nouveaux pôles de production sera engagée prioritairement dans les secteurs à fort déficit à l’exemple des céréales et des protéines animales.

En d’autres termes, il reste attendu de ce programme, l’identification et l’accompagnement des « Champions Nationaux », à l’instar de l’agropole Cacao de Kékem dont l’usine a été inaugurée par le Premier Ministre, Chef du Gouvernement en 2019, ou encore de l’agropole soja de Mokolo. De plus, nous allons focaliser notre attention sur la consolidation des niches d’affaires à l’exemple du Poivre de Penja ; inverser la courbe ascendante des importations des denrées fortement consommées et dont la production locale est possible.

Le choix des filières prioritaires est dicté par la nécessité de mettre à la disposition des populations davantage de produits à forte demande locale ou dans la sous-région, des spéculations ayant un effet d’entrainement sur l’emploi, la création de richesses. La création de milliers d’emplois décents tant dans les usines qu’en plantations, l’enrôlement de diplômés issus des divers centres de formations agropastoraux au sein des agropoles, donnent lieu à se satisfaire des résultats du Programme.

Des ingénieurs agronomes, des techniciens en élevage, en hydraulique, des électromécaniciens, qui autrefois grossiraient le nombre de sans-emplois, sont utilisés çà et là dans les agropoles, à temps plein ou à temps partiel. Le soja à lui seul a généré en plantation plus de 4 000 emplois et plus d’une centaine au niveau de l’usine ; le même constat est fait au niveau du cacao de Kékem. Au plan technique, la mécanisation des opérations culturales devient progressivement effective à travers l’accélération de l’utilisation des tracteurs suscitée par le Programme Agropoles.

70 kits de tracteurs pour l’emblavement de 6 000 hectares annuellement, ont été acquis, plus d’une centaine de conducteurs d’engins agricoles formés, alors que des unités de production d’alevins, d’aliments locaux pour le poisson voient progressivement le jour. Une évolution, mieux une révolution, semblent nécessaires dans ce domaine au regard du poids des importations de poisson dans la balance commerciale. Des techniques modernes d’élevage incluant l’embouche des petits et grands ruminants, la volaille, le poisson etc., entrent progressivement dans les moeurs.

Au sujet de la balance commerciale, la production locale du tourteau de soja a permis de ramener le prix du sac de 50Kg, de 24 000 à 16 000FCFA, réduisant par ailleurs de manière significative les importations, alors que l’envol pris par le poivre de Penja augure des lendemains meilleurs. S’agissant du Plan d’Urgence Triennal (PLANUT), nous avons engagé les travaux de construction de 118 étables et autant de magasins de stockage ; la production des intrants à travers la création de 900 hectares de champs fourrager et l’acquisition de 5 (cinq) kits de tracteur de 75 CV, dans la Région de l’Adamaoua. La production annuelle attendue est de 3 500 tonnes de viande bovine.

Ceci dit, l’on pourrait mieux faire si des moyens financiers adéquats étaient dégagés et l’adhésion des partenaires privés assurée, d’où la nécessité de poursuivre la mise en oeuvre du Programme à travers une seconde phase.

Celle-ci donnerait également un accent sur le développement des infrastructures sociocommunautaires d’accompagnement de la production qui font quelques fois défaut en zone rurale (électricité, route, eau, marchés, etc.). Cette phase viendra sans nul doute, corriger les manquements éventuels de la phase pilote ; c’est dans ce cadre que le Programme ouvre en ce début d’année 2020, sa première représentation régionale, pour une meilleure couverture de l’ensemble du triangle national

ALAMINE OUSMANE MEY

Ministre de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire

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