Le Coordonnateur National du Programme Agropoles, ancien Président du Comité technique de l’épizootie grippe aviaire, signe l’éditorial.
Le Cameroun vit en 2016 sa deuxième épizootie de grippe aviaire après celle de 2006.La déclaration de 2006 a été faite à la suite de la découverte d’oiseaux infectés en mars 2006 à Doualaré, un quartier de Maroua ; il a ensuite été fait état d’une seconde découverte au niveau du lac Malapé proche de Garoua. L’épizootie a été circonscrite à ces deux régions et les mesures draconiennes prises ont permis d’éviter d’infester les grands bassins avicoles de la partie méridionale du pays.
Le pays a donc, une fois de plus, vécu douloureusement cet épisode qui a vu toute la filière avicole si savamment et patiemment construite, s’effondrer. La gestion de la grippe aviaire, ne saurait à notre sens être réduite à des actions spontanées du genre communication de crise, élaboration et spots et dépliants, renforcement des mesures de biosécurité, interdiction de la circulation des bêtes, les compensations, etc., Des pays proches ou lointains vivent au quotidien avec plusieurs foyers de grippe aviaire sans que cela n’émeuve au point de bloquer tout un pan de leur économie. Nous suggérons
À cet effet que la plateforme que porte le PNPLZER invite quelques fois l’expertise développée entre 2006 et 2010 à l’effet d’échanger sur les propositions de solutions qui entre autres porteraient sur :
- Le renforcement des mesures de biosécurité bien évidemment ;
- l’enregistrement systématique de toutes les fermes au niveau du MINEPIA, et la communication de manière semestrielle des activités au niveau de chaque ferme, ce qui pourrait donner un certain sens aux éventuelles opérations de compensation ;
- la souscription des polices d’assurance dès lors que la ferme a une certaine taille ;
- le changement de comportement au niveau rural où les populations dorment quelques fois avec les oiseaux de basse court dans les mêmes maisons ;
- la systématisation progressive des abattages et le conditionnement de toutes les volailles arrivées au stade de la commercialisation, avant leur mise sur le marché ;
- la suspension progressive des longs déplacements d’oiseaux vivants (déplacements au delà des limites d’une région) destinés au marché … etc.
Les vétérinaires dans ce schéma ont un rôle important à jouer car tout comme dans le contrôle de la viande des bovidés au sortir des abattoirs, ils pourraient opérer en amont, le suivi et le contrôle des fermes avicoles de manière à déclarer indemnes, celles qui le sont et rassurer ainsi le marché par un marquage des carcasses.
Avant de conclure, peut-être conviendrait-il de relever que tout virus est dénaturé au-delà de 60°C et par conséquent, le virus de la grippe aviaire affecterait particulièrement ceux des usagers directement en contact avec les oiseaux vivants, leur sang ou leurs déjections. Il s’agit ici des éleveurs (volaillers), des transporteurs, des plumeurs au marché et moins la ménagère qui ramène du marché du poulet prêt à cuire.
Les crises répétitives de grippe aviaire pourraient induire certains changements de comportement qui viendraient compléter les mesures de prophylaxie objet de la campagne médiatique et affichages en cours ;
L’instauration des mesures ci-dessus et l’appui public à un tel dispositif permettraient la création de plus d’emplois et des postes nobles, l’attrait de capitaux, la spécialisation au sein de la filière, la libération des aviculteurs des tâches de commercialisation pour davantage de bandes à conduire annuellement par un même opérateur, etc.
Nous osons croire que des investissements accrus dans la transformation avec éventuellement un réel accompagnement de l’Etat pourraient permettre un relèvement durable de la filière. Le repeuplement des fermes en cas de compensation pourraient à notre sens, transiter par les projets et programmes qui connaissent véritablement les opérateurs en activité.
Le marché du poulet, à notre sens, peut bien vivre de manière florissante en dépit de foyers de grippe aviaire descellés dans un pays.