Casimir Ouemba, membre de l’agropole de production, de transformation et de commercialisation du poulet de chair de Nkong-Ni, a construit deux bâtiments aux dimensions exigibles.
Programme Agropoles : Quel courage de construire quand la filière se détruit ?
Ouemba : Nous ne saurions céder au découragement. Le pays compte plus de 20 millions de bouches demandeuses de protéines. Le bœuf pose un problème d’accessibilité dans les ménages ordinaires. Lesquels sont d’ailleurs majoritaires. En plus, sa production ne peut pas combler la demande en protéines animales. Il faut en dire autant de la viande de porc. Par conséquent, le poulet garde toute sa classe dans l’assiette du Camerounais. La grippe aviaire relève d’un accident criminel. J’en connais beaucoup qui sont au bord de la pendaison. Ils ont contracté des dettes, qui dans les tontines, qui dans les banques. J’ai hypothéqué ma maison du centre-ville à Dschang pour obtenir un crédit de 8 millions auprès d’un établissement de micro-fiance. Elle est sourde à comprendre que j’ai produit à perte. Non seulement, je deviens insolvable. Mais en plus, je cours le risque
Sans poussins, tout l’agropole est dans l’impasse !
Programme Agropoles : Comment avez-vous abordé l’épizootie ?
Ouemba : Je disposais de 2.000 poulets. J’avais déjà été victime de la première grippe aviaire déclarée au Cameroun. Dès les premières informations sur l’épizootie, j’ai procédé à la liquidation de la volaille. Je courais les funérailles, les mariages et toutes les autres cérémonies possibles pour me débarrasser de la production. Certes, je n’expédiais pas le poulet à 1.000 francs comme le font mes homologues ce jour. Mais même les 2.000 francs de prix de vente n’ont pas remboursé mon investissement.
Notre agropole est des plus sinistrés. Le promoteur avait démarré la production de 15 mille poulets reproducteurs. D’ailleurs, le Programme Agropoles devait lui en livrer une bonne quantité. Or, rien n’a pu être fait dans ce sens. Les œufs sont produits ici à Dschang. Mais ils sont couvés à Douala. Le problème vient de la circulation des œufs. Elle est interdite. Du coup, il n’y a pas de poussin. Toute la filière est dans l’impasse. Les porteurs satellites dépendent dudit accouveur pour la livraison des poussins.