Extrudeuses et Ranching : Innovations post C OVID-19 dans la production du poisson et de la viande bovine au Cameroun

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II est de coutume aujourd’hui de rencontrer des vendeurs de Poisson d’eau douce dans l’ensemble des marchés des grandes métropoles. Ce n’est pas un fait du hasard. La création de onze pôles de production de cette protéine animale par le Programme Agropoles ne laisse personne indifférent. Or, cette dynamique est grevée par le coût élevé de l’aliment flottant en provenance de l’étranger, ce dernier constituant autour de 75% du coût de production dans l’aquaculture intensive. L’intérêt économique de ce type d’élevage est donc tributaire de la disponibilité et du coût de l’aliment.

II convient de relever que les coûts élevés de l’alevin et de l’aliment ont compromis les ambitions des agropoles poissons déjà lancés, qui n’ont produit en 2019 que 2 694 tonnes de poissons sur les 8 883,2 tonnes attendues, soit 30,32% de taux de réalisation. Conscient de cette réalité, le Programme Agropoles a fait le choix de mettre à la disposition des producteurs, des extrudeuses. D’une capacité de 150kg/h chacune, le financement du Programme a permis de fournir à ce jour, une dizaine de ces équipements dans les agropoles poissons de la Mvila, du Fako, du Nyong et So’o, du Haut Nyong, du Dja et Lobo, du Mfoundi et de Bazou, dont cinq pour le seul mois de juin 2020. Ces équipements vont être un début de solution à la production locale de l’aliment flottant tant recherché par les aquaculteurs.

Si le Programme Agropoles a opté pour les protéines animales et en particulier le Poisson pour Ia partie méridionale du pays avec une pluviométrie étalée tout le long de l’année, il a estimé que le septentrion aux énormes potentialités en termes d’élevage bovin pourrait être mieux servi s’il était accompagné dans le ranching. Les appuis publics serviraient ainsi à la construction des étables, des magasins de stockage, des intrants, la fourniture des tracteurs pour booster la production du fourrage et l’apport des premiers intrants dont les divers tourteaux et remoulages. Les éleveurs pour leur part opèreraient dans la construction des puits équipés, des structures de stockage du foin, des cases d’astreinte des bergers, la mise en place des champs fourragers et l’apport des animaux à engraisser.

Au centre de ce processus se trouve « l’étable », lieu confortable, couvert dans lequel les animaux enfermés, reçoivent tous les apports nutritionnels pour des gains de poids pouvant aller a de 1,5 à 3kg par jour. Ainsi, au terme de 40 à 60 jours, certains animaux peuvent voir leur poids aller de 300kg a 450kg voir même 500kg, alors que dans les conditions actuelles, il conviendrait d’attendre une année entière pour le même résultat.

L’objectif ici recherché est de porter la production des membres des deux agropoles bovins du Mbere et de Mayo Banyo, de 5 500 têtes à un peu plus de 12 000 têtes/an. Une part importante de cette production alimenterait l’abattoir industriel de Ngaoundéré.

L’action du Programme Agropoles et de ses partenaires éleveurs est déjà perceptible dans les deux départements ci-dessus à travers la sortie de terre des étables et des magasins, des espaces déboisés sur lesquels pousse un abondant fourrage, des points d’eau et cerise sur le gâteau, certains éleveurs ont opté pour l’énergie solaire pour l’alimentation de leurs animaux en eau et l’irrigation de leurs parcelles fourragères.

L’impact du Ranching sera sans nul doute ressenti non uniquement dans l’offre plus généreuse des produits carnés, mais aussi at niveau de la qualité de la viande, la réduction des conflits agriculteurs/Eleveurs, la reconstitution du couvert végétal à travers l’usage moins fréquent des feux de brousse dans la reconstruction saisonnière des pâturages, Ia libération des fils des bergers qui pourront ainsi être scolarisés, la création au niveau rural des emplois de cultivateurs de fourrage, etc.

Le Programme souhaite on appeler à une organisation concertée de l’ensemble des acteurs publics œuvrant dans ces deux secteurs, pour plus d’efficience.

Cameroon Tribune N° 12142 / 8341 – Du 23 07 2020 ; Page 38

Cameroon Business Today N°165 – Du 22 07 2020 au 28 07 2020 ; Page 11

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