Une « cour des contes » des mille et une nuits. Les mots reflètent à peine le volet féérique des champs de pommes de terre. La beauté des sillons de verdure se confond, au loin, avec un horizon de feuillages. C’est comme si les tiges de pommes de terre achevaient une ascension en direction du ciel. L’Agropole couvre la région de l’Ouest, confirme David Zambou, son promoteur : « Nous avons beaucoup de sites, notamment Mbouda, Galim, Bangangté, Bansoa et Bafou pastoral. La culture des pommes de terre occupe 48 hectares. Les récoltes se poursuivent en ce moment. La production de l’année tourne autour de 66 000 tonnes». La conquête des horizons lointains, affirme Adrian Ngo’o Bitomo, Coordonnateur national, se précise : « Le Mont Bamboutos et même les hauteurs de l’Adamaoua constituent les prochaines cibles des producteurs de pommes de terre ». Tous les membres de cet Agropole sont actifs. C’est surtout le cas de Thomas Ngueugoué. Il a déjà cultivé 20 hectares. La qualité de la semence continue de l’éblouir. Une récolte de 85 tonnes de pommes de terre sur deux hectares tenait de l’incroyable par le passé, ajoute-t-il. 18 doivent encore faire l’objet d’une récolte. Le cultivateur cible 50 hectares. Toutefois, un problème d’accès au champ se pose. Certes, l’une de ses routes a déjà été aménagée. Mais il en reste une autre. C’est même un raccourci. Le Programme Agropoles lui avait déjà fait une dotation de tracteurs, de motos-pompes et de nombreux accessoires. Néanmoins, Thomas Ngueugoué souhaite en acquérir d’autres. Les semoirs font également partie de ses projections d’achat. L’aspect commercial le dispute au volet semencier grâce à un partenariat avec la France. Le Coordonnateur national comprend cette situation : « La collaboration avec GERMICOPA, c’est l’un des partenariats à encourager. Il s’agit d’un partenaire qui a mis à disposition, non pas une semence commerciale, mais plutôt une qui est dite de pré-base : Super Élite. Ils ont accepté de se faire payer plus tard. Le partenariat est gagnant-gagnant. Envisager de tels partenariats avec les autres spéculations nous sera bénéfique ». En effet, Thomas Ngueugoué hésite à vendre sa production. Il préfère conserver une partie considérable de sa production pour démultiplier la semence.

Des acheteurs en provenance du Gabon, du Congo, de Yaoundé et de Douala affluent, avoue-t-il. Les satisfaire tous, reconnaît-il, est quasi-impossible. En d’autres termes, nul ne produit les pommes de terre à perte. Son attitude est en droite ligne avec la vision du promoteur : «Nous avons préféré investir sur l’aspect semence pour que nous ayions du matériel végétal. Il peut apporter un rendement élevé en même temps qu’il garantit la qualité». Toutefois, le fait de vendre les pommes de manière exclusive aux étrangers n’est du goût des riverains. Le Coordonnateur national les invite à faire preuve de plus de réalisme : « Nous essayons, d’abord, de satisfaire le marché local.
Les producteurs, ce ne sont pas commerçants. Les distributeurs sont invités à aller vers les producteurs installés sur les montagnes.
Il est difficile de comprendre que des acheteurs partent du Gabon pour rafler les produits dans la région de l’Ouest. Le planteur est un homme rationnel. Il produit pour se faire de l’argent ». Même les femmes sont passées du simple au triple, confesse Colette Tsafack, semencière: « Je produisais 30 tonnes de semence. L’intervention du Programme Agropoles m’a portée à 90 tonnes.

Je paie donc désormais la scolarité des enfants en vendant ces semences aux multiplicateurs de pommes de terre». Il s’agit de l’Agropole de la division du travail. Essomba Tsobgny, revendeuse, a déjà rôdé son circuit commercial : « Je vends les pommes de consommation dans les grands hôtels de Yaoundé, les villes universitaires et dans les marchés». Le gouvernement camerounais a fait plus que donner 13 tracteurs. Il a aussi mobilisé 40 millions de francs. C’est pour produire même les pommes de contre saison, rassure David Zambou : « le montant en question a permis d’acquérir le matériel d’irrigation. C’est une solution au problème lié à l’irrégularité des pluies ». En 2018, l’Agropole entend étendre ses espaces : « nous ciblons 600 hectares de pommes de terre. Nous tenons aussi à rendre opérationnelle notre unité de pré-germination».
Très intéressant